Les Editions du Riffle, voyage à travers la brume

Illustration :

En Terres du Nord, souffle le vent sombre du Riffle Noir !

Riffle Noir est l’une des trois collections des éditions du Riffle, collection centrée sur les polars et les thrillers. Et si l’action se déroule essentiellement dans le Nord de la France, la volonté éditoriale et la passion créatives, elles, sont universelles.



Richard Albisser, ou L’envie de perpétuer la tradition du roman et d’explorer d’autres types d’écritures.


Les éditions du Riffle sont nées d’un homme, Richard Albisser. Cadre à la recherche d’un emploi introuvable, il réagit à cette impossibilité professionnelle en créant sa propre maison d’édition. C’était le 1er juillet 2005.

Homme de lettres, son souhait est de perpétuer la tradition du roman tout en explorant d’autres formes d’écriture : les récits de vie, les nouvelles ou encore la poésie. Noble souhait littéraire qui mènera à trois collections :

Riffle Nord qui propose des recueils de nouvelles dont l’action est ancrée dans la région du Nord de la France.

Riffle Blanc qui offre un éventail de récits autobiographiques, d’autobiographies et de poèmes ainsi que de romans.

Et Riffle Noir qui plonge, les lectrices et les lecteurs, dans les ténèbres sociales et policières du roman noir.

Cinq ans après sa création, les éditions du Riffle ont publié une vingtaine d’ouvrages. Petit florilège de leurs titres qui sont, en eux-mêmes, tout un univers, un style et un genre à découvrir : Travail Poursuite (de Florence Vendamme), Éthique de l’abyme (de Sylvain Jazdzewski), Rhapsodie en sol mongol (d’Alain Desjacques), Tiot père (de Michel Guillon), Requiem pour un toubib (d’Éric Lefebvre) ou encore Éclipse d’une nuit d’hiver de Richard Albisser – lui-même, auteur).


La pluralité des genres, ou Une volonté partagée pour une plus large richesse de la littérature.

Cette passion pour les genres oubliés, délaissés, voire méconnus, et cette volonté de partager différents styles d’écriture tout en perpétuant et en renouvelant l’univers du roman se retrouvent dans le jeune mouvement éditorial de ces dernières années.
Menées par des passionnés, qui savent aussi bien manier la plume que faire vivre une ligne éditoriale, ces maisons d’édition montent des anthologies de nouvelles et d’auteurs selon des thématiques bien précises : les éléments – l’air, l’eau, la terre, le feu – chez les éditions Griffe d’Encre, les ordures, décharges et autres insalubrités chez les éditions Hydromel, un vieux téléphone hors d’usage qui vous parle encore chez les éditions Saint-Martin.

Les éditions Sombres Rets ne craignent pas, quant à elles, de faire côtoyer dans leur catalogue de la poésie coréenne (Dharma poèmes de Park Je-chun) avec un polar marseillais (L’Ange de Marseille de Cyril Carau) et une anthologie intitulée Mystères et Mauvais Genres.

Une ouverture d’esprit littéraire et une pluralité qui offrent aux lectrices et aux lecteurs de tous horizons une multitude de possibles et d’aventures individuelles.


Le quotidien au service du roman, ou Une ouverture à d’autres quotidiens.

Ces dernières années, nous assistons à un ancrage des histoires romancées dans le réel : depuis 2005, les éditions Ravet-Anceau exploitent la veine des régions de France avec leur collection Polars en région ; les fanzines Éveil et Pénombres du Projet Transition publient des nouvelles dans le domaine de l’imaginaire, mais dont l’action se situe (ou prend naissance) dans des lieux reconnaissables par le lecteur : ainsi, la tanière du Troll ne se situe plus dans un pays imaginaire, mais sous le pont d’Avignon ou dans une ruelle d’Arras ou de Nîmes. En 2007, l’auteur Jess Kaan écrivait un roman de SF (Réfractaire de son titre) se déroulant à Dunkerque (pour une fois, ce ne sont pas les USA qui sauvent le monde de la menace extra-terrestre !).

Outre, l’aspect commercial qui peut en découler, ces initiatives correspondent à une idée de décentralisation et de proximité. L’action ne se situe plus à Paris, à New York ou à Miami mais elle se passe chez le lecteur lui-même. « C’est arrivé près de chez vous », comme dirait Benoît Poelvoorde. Une volonté bercée par la plume d’auteurs attachés et friands des secrets, des beautés et des zones d’ombres que révèlent leur région, leur ville, leur montagne, leur campagne ou leurs contemporains… Loin des absurdités nationalistes ou d’une quelconque autarcie régionaliste, ce « choix de lieux » permet aussi aux gens d’horizons éloignés de découvrir des quotidiens qu’ils ne connaissaient pas. Voire de les retrouver, s’ils en sont natifs.


Riffle Noir, ou Quand la noirceur des âmes s’inscrit dans la vie de ses contemporains et dans la durée.

Les éditions du Riffle déroulent la collection Riffle Noir dans cette dynamique « c’est arrivé près de chez vous ». Ils y ajoutent des ingrédients qui font des histoires de leurs auteurs des histoires universelles et contemporaines.

Premier ingrédient : les thèmes abordés.
Si les lieux sont des endroits bien précis, les thèmes, eux, parleront à « tout le monde ». Que ce monde vive à Roubaix, à Marseille, à Strasbourg ou à Sherbrooke (au Québec) ou à Montréal. Ainsi retrouverons-nous des sujets tels que le racisme, la xénophobie, l’exclusion, l’intolérance, la dépression, la bêtise ou encore la haine et la rancœur.

Second ingrédient : une temporalité en adéquation avec celle du lecteur.
Le polar Fou contre tour (de Richard Albisser) se déroule à Roubaix en juin 2006 avec en trame de fond la coupe du monde de football qui avait lieu en Allemagne. À minuit, les chiens cessent d’aboyer (de Michaël Moslonka), roman qui sortira en octobre prochain, s’étale du vendredi 19 février 2010 au jeudi 11 mars 2010. C’est le moment des élections régionales en France et du débat sur l’identité nationale. Le spectre de la catastrophe en Haïti n’est pas loin, non plus, derrière. Ces trois événements (pour ne citer qu’eux) n’ont aucune incidence sur l’histoire en elle-même, mais vont se retrouver dans le décor et modeler l’ambiance.

Les sujets dans lesquels s’engagent les auteurs de Riffle Noir (par delà le Bien et le Mal) sont des thématiques sombres et conflictuelles. Le polar est par définition, la rencontre entre le genre policier et le roman noir. La réalité dépassant de plus en plus la fiction, il apparaît donc légitime que la fiction contemporaine s’empare de la face obscure de notre présent pour s’inventer des histoires et mieux éclairer nos comportements et nos avenirs.


Richard Albisser, Dirck Degraeve, Éric Lefebvre, Michaël Moslonka ? Des personnages à suivre, ou L’idée de continuité.

L’idée de continuité des personnages d’une histoire à une nouvelle histoire s’est répandue ces dernières années dans les séries télévisées. Notamment dans les séries américaines (de Buffy contre les vampires à N.C.I.S. enquêtes spéciales en passant par Bones) où tout ce qui s’est passé durant l’épisode précédent n’est pas oublié l’épisode suivant. On se familiarise donc avec les héros et les personnages secondaires. On les voit évoluer au fil de leurs aventures, on découvre leur passé et on imagine leur avenir avant d’y être confronté la saison d’après.

En littérature, ce n’est pas une vocation générale. Toutefois, on peut retrouver cette continuité du côté des polars dans les romans de Fred Vargas, de James Ellroy ou de Valéry Coquant. Dans l’univers du fantastique et de l’épouvante, Stephen King en est un habitué. Sauf que chez lui, ses personnages principaux ne reviennent pas forcément d’un livre à un autre (ou alors, ils ne font que passer). La continuité (le lien) concerne surtout l’univers en lui-même (comprenant les villes, les événements survenus dans ses histoires, précédentes, etc.).

Chez les éditions du Riffle, on verra de livre en livre, d'histoire en histoire, se dérouler l'univers des personnages de chacun des auteurs Riffle Noir. Pour exemple, avec Richard Albisser, on retrouve le lieutenant de police Boutros Drassir, sa femme Jasmina et ses collègues Rokovski et Brichot deux ans après Fou contre Tour. Nous sommes alors en février 2008, et leur nouvelle enquête s’appelle éclipse d’une nuit d’hiver.

Le capitaine de police Blacke de Michaël Moslonka (dans À minuit, les chiens cessent d’aboyer) a déjà vécu une courte histoire, il y a deux ans (durant le printemps 2008) dans le nº 8 de la revue québécoise Nocturne le fanzine culte. Il est prévu qu’il revienne en 2011 dans la collection Riffle Noir.


Riffle Noir, un univers balistique à suivre…

Au final, la collection Riffle Noir (et par extension les éditions du Riffle) s’offre aux lectrices et aux lecteurs du présent, quels que soient leurs horizons (des plus lointains aux plus proches) et propose, à chacune de ses publications, de se familiariser avec les personnages de ses auteurs. Et comme le dit Sir Vladheim sur le site de Reflets d’Ombres : « les amateurs du genre pourront ainsi au fil du temps se familiariser avec des nouveaux horizons littéraires, imprégnés de noirceur et de suspens... »


R.A. LOGAN
(http://enfantduplacard.pagesperso-orange.fr/RALogan.htm)


Éditions du Riffle ? Un site : http://www.leriffle.fr
Collection Riffle Noir ? Un blog : http://rifflenoir.blogspot.com et un catalogue :

Éclipse d’une nuit d’hiver, de Richard Albisser
Requiem pour un toubib, d'Éric Lefebvre
Fou contre tour, de Richard Albisser
Marais noir, de Dirck Degraeve
Le traducteur perd le nord, de Jean-Paul Fosset
Sortie Lens-est, d'Éric Lefebvre
Passé mortel, de Dirck Degraeve
Macchab' en eau douce, de Sylvain Jazdzewski

À paraître (octobre 2010) : À minuit, les chiens cessent d’aboyer, de R.A Logan

Auteur : R.A Logan

Illustration : de Les Editions du riffle.

Retour au sommaire du Reflets d'Ombres n°22.


Ce site dans sa conception est libre selon les termes de la Licence Art Libre. Sauf si cela est mentionné, ceci ne concerne pas son contenu (textes et images) et vous n'êtes pas autorisé à les utiliser sans accord de leurs auteurs respectifs.

Ce site est déclaré à la C.N.I.L. sous le N°1135343.