Au nom du Père, du Fils et des Affranchis

Au nom du Père, du Fils et des Affranchis

Partie I : Philosophie de Taverne





« Ich habe meine sache auf nichts gestellt »

Johann KASPAR SCHMIDT



« Je n’ai fondé ma cause en rien »

Max STIRNER






Viva la muerte

Les souliers de l’individu entièrement vêtu de sombre résonnent lugubrement sur le sol pavé. Semblables aux appels d’un mort enterré vivant frappant le socle de son caveau pour que la vie se souvienne de lui.
La pâleur de son visage se cache sous une écharpe et la vitalité de son regard de sous les larges bords d’un haut chapeau. Dans son sillage une longue cape se mélange aux ombres de la ruelle étroite où il s’avance d’un rythme lent et mesuré. A la main une sacoche de médecin de cuir noir.
Il s’arrête près d’une carcasse humaine de riche vêture, échouée sur le bas côté, dont le sang se mêle à l’eau boueuse des caniveaux.
Sa tête se penche imperceptiblement. Pour examiner. Pour diagnostiquer.
La mâchoire a été compressée par une poigne déterminée. Dix coups de lame ont poinçonné la chair. Sept dans le flanc droit. Les quatrième et cinquième vertèbres de la colonne lombaire ont été brisées par les trois autres. Des coups acharnés. Portés par la haine sociale du miséreux à l’encontre du parvenu. Du plus riche. Du plus graisseux.
L’inconnu à la trousse de soigneur continue son examen. Droit dans ses hautes cuissardes, n’esquissant plus le moindre mouvement.
Les yeux de la victime sont écarquillés. La peur d’être détroussée. Réflexe de l’opulence matérielle. Puis l’observateur discerne dans les globes oculaires des résidus de compréhension. L’entendement d’une mort certaine. Inévitable. Immédiate et rapide. Fin tragique contre laquelle le bourgeois ventru n’a pas lutté, préférant l’abandon de soi.
Il s’agit d’un corps rongé par la maladie, dont l’esprit désœuvré a prié chaque jour le seigneur de le libérer du supplice qui ronge ses entrailles et fait s’écouler le sang de son rectum. Le voici à présent dépouillé de sa richesse, de sa dignité. Pas de la vie car il agonise toujours. La fin se montre si longue à venir…
Le hasard n’existe pas pour Jacquemards. Chacun de ses choix le lui rappelle inextricablement.



Médecine dure

Son nom est Jacquemards. Il est médecin.
Du plat de son soulier, il pousse la charogne agonisante sur le dos. Puis en presse le cou. Son geste est précis. D’une efficacité chirurgicale. Son talon trouvant sans faillir la carotide cachée sous la chair adipeuse. Dans le regard du moribond brille une sporadique lueur de reconnaissance avant de devenir vitreux. Le ventru a cassé sa pipe, soulagé de ses maux internes.
Médecin… Les personnes qui font appel à sa personne ne le voient pas ainsi. Pour eux, Jacquemards est un tueur à gages. Ils en appellent à ses services et à lui d’honorer son contrat.
Pour autant le singulier praticien connaît toujours la raison sous-jacente pour laquelle il se trouve employé. Même si ses employeurs ne le savent pas eux-même. Ses victimes, elles, s’en rendent compte au moment de leur décès. Une fin à l’apparence prématurée mais contestée par peu de ses patients au final…
Jacquemards existe pour soigner la vie. Cette maladie mortelle sexuellement transmissible qui finit par peser à tant d’individus. Hommes. Femmes. De tous âges.
Lentement, il s’agenouille et tend une main gantée de cuir vers le journal froissé par les doigts crispés du gros bourgeois calanché. Ses mouvements sont précieusement calculés. Absents de tout geste superflu. Méthodiquement orchestrés par une marche funèbre interne dont lui seul connaît la partition.
Il lit la première page.
Berlin. 1831.
Ainsi le voici bien éloigné…




Retour en arrière

Dans une grande avenue encore très fréquentée malgré l’heure tardive, Jacquemards s’est arrêté devant une taverne.
Son nom grince le long de sa devanture de pierres noircies : Die Freien dans la langue de Nietzsche, Les Affranchis dans celle de Rousseau…
Ses pas l’ont amené vers ce lieu où, comme le stipulait le contrat, sa victime – son futur patient – lui sera présenté. Un lieu déjà fréquenté de sa personne…
L’étrange individu penche légèrement la tête sur le côté. Il se demande s’il doit s’intéresser à la question.
Au milieu des cris braillards, des effluves d’alcool et de la fumée âcre du tabac, il y a entendu des secrets. Des mots le concernant. Provenant de la bouche d’un vieil alcoolique. Une vieille connaissance. S’invitant dans son existence comme un ami. Le seul ami qu’il se connaisse. Joe…
Le voici pour la seconde fois devant ce repaire d’anarchistes. En son moment originel, ces affranchis l’étaient dans le sens absolu du terme. Vivant leur liberté sans limite. Qu’en est-il de ceux-là ?
Cette question n’a pas lieu d’exister. Car la réponse appartient à l’essence même du jugement et Jacquemards ne possède pas les attributions d’un Juge. Il est juste médecin. Un médecin porté par un serment. Ou un tueur à gages lié par une clause. C’est selon…
D’où l’inutilité de son autre question. Sa finalité n’est pas de s’interroger sur les similitudes d’un futur passé et d’un passé à venir. Jamais il n’a cherché à comprendre pourquoi il devait précipiter la fin du vieux Joe. De ce fait, ce n’est pas bien avant qu’il va s’interroger sur le pourquoi d’un énième comment…
Il se trouve ici car il doit s’y trouver. Car tout est écrit. Dans ses contrats ou ailleurs…
La porte de la taverne s’ouvre à la volée et un homme en sort en trombe. Il se retourne, le poing brandit, et se récrie, rageur :
« Vous voulez êtres des affranchis et vous ne remarquez même pas la boue puante où vous êtes plongées. Ce n’est pas avec des saletés qu’on affranchit les hommes et les peuples ! Nettoyez-vous avant de vous atteler à pareille besogne ! »
N’attendant aucune réponse des malpropres qu’il invective ainsi, l’individu referme violemment la porte et disparaît, l’enjambée furieuse, dans les ténèbres de la nuit.
Sur le seuil des Affranchis, la silhouette sombre de Jacquemards a disparu.



Die Freien

Attablé à l’écart du tapage humain, perdu au milieu du brouillard de fumée des pipes en faïences portées à la bouche par les clients emportés des Affranchis, Jacquemards observe et écoute.
« L’autorité fascine par l’ordre et la discipline tout autant qu’elle dessine sur nos visages méfiance et dégoût… »
« Voyons, elle ne s’imagine pas autrement que par l’usage de la violence ! A peine le mot d’autorité fusse-t-il employé que naît le rapport de force ! »
« L’individu métamorphosé en dominant ou en dominé… »
« Ne vous en déplaise, Auctor et auctoritas sont liés, issus tous deux du verbe augere. Leur racine latine se rattache indéniablement à augure et augustus… »
« Auctor ? Celui qui fait pousser, l’auteur… »
« Nous ! »
« Augere ? Augmenter… Augure ? Celui qui accroît l’autorité… Et augustus ?
« Auguste le titre porté par les empereurs romains ? La dignité ? »
« Expliquez-vous ! Que cherchez-vous à démontrer ? »
« Dans cet Accessus ad auctores, Conrad de Hirsau explique : L'auctor est ainsi appelé du verbe augendo parce que, par sa plume, il amplifie les faits ou pensées. »
« … le rapprochement entre auteur et augmenter ? »
« Je doute de ce parallèle… », « Intéressant… », «Théorie biscornue… »
« Sous-entendriez vous qu’auctor a un sens politique et religieux ? »
« Sens éminent, auctoritas en est le dérivé abstrait ! »
« Ni dieu, ni maître ? »
« A dire vrai, pareille définition ne nous apprend rien sur le Dieu rejeté et le maître nié… »
« Spéculations intéressantes mais spéculations tout de même… »
« Fascinant ! »
« … »
« Comment la notion d’autorité de prime abord si limpide peut-elle amener à une définition si négative ? »
« Quel en est le maître ? »
« Celui dont la reconnaissance de cette autorité est la plus claire… »
« L’autorité est contrainte. La contrainte amène à la soumission. Regardez le cheval que nous dressons en nos rangs ! »
« Un progrès déterminé par l’être humain… »
« La contrainte serait donc avilissante pour l’homme ? »
« En effet ! Le dresseur nie l’humanité chez l’individu qu’il soumet. Et par delà, il désavoue l’homme libre qui réside en son sein… »
« La seule autorité reconnue par Socrate est celle du dialogue ! »

Voilà de bien étranges individus qui s’agitent sur des mots.
L’œil averti de Jacquemards dissèque chaque personnalité installée autour de la grande table centrale comme le biologiste dissèque son batracien crucifié sur sa paillasse d’étude, les chairs à vif et le cœur encore palpitant.
Celui-ci à la longue barbe broussailleuse et aux cheveux en folie, à l’âge bien avancé, philosophe, son corps imposant et difforme installé dans un costume dont sa doctrine lui permet d’en supporter l’enveloppe contraignante.
Celui-là, autre barbu tout aussi âgé, à la chair sèche et noueuse approuve et théorise chacune des idées jetées sur la table.
Un troisième s’insurge contre ce qu’il qualifie « de suppositions grossières » et de « théories biscornues », divers textes d’études aux auteurs cosmopolites s’empilant devant lui pour soutenir ses réfutations.
Un homme d’âge moyen, cheveux courts, rasé de près, se montre aussi entêtant que l’eau de Cologne dont il a aspergé sa propre personne. L’air intéressé, l’œil avide, la bouche toujours en mouvement, il n’a de cesse de poser questions sur questions. Relançant le débat. Amenant réflexions et remises en cause. Faisant s’empourprer l’un ou rendant taciturne l’autre.
Un autre encore, à l’apparence désintéressée, écoute. Attentif au moindre mot. Attrapant de la pointe de son crayon celui qui l’inspire pour le griffonner en toute hâte sur un calepin à la couverture défraîchie.
Deux étudiants, l’excitation palpable, soulagent leurs esprits étouffés par la doctrine ex cathedra assénée infailliblement par la chaire de leurs établissements d’enseignements.
Assis à leur côté, un soldat. Il parle un langage différent de ses congénères d’uniforme. Sa discussion ne porte pas sur la croupe des chevaux et des femmes. Ni de la manière de les monter. Son épée et sa cravache sont restées au vestiaire au même titre que la suffisance et la morgue qui définissent le militaire.
Les voici plus d’une dizaine attablés à ces discussions interminables. Philosophes, théologiens, journalistes libéraux, étudiants ou écrivains. Tous ont la langue bien pendue, la bouche avide de bière et de fumée. Leur répartie est tantôt cinglante, tantôt réflexive. Râleuse puis enjouée. Tour à tour circonspecte et intéressée. Certains sont assis dans leur siège comme s’ils s’étaient toujours trouvés là. D’autres comme s’ils venaient d’y être invités, pris à leur insu dans la tourmente du débat ou s’y étant jetés volontairement, sans retenue aucune.




La longueur du front

Au milieu de la turbulente dispute, l’officier, l’esprit enivré par l’alcool et la ferveur du débat, se lève et interpelle le tavernier :
« Hippel ! Tournée pour cette tablée de compagnons si instruits ! Et ne néglige pas l’ensemble de ta salle ! »
Le brasseur distribue les chopes à la ronde avant d’abreuver la virulente tablée de débatteurs.
« Connaissant l’état des finances de l’armée berlinoise, met lui donc la note sur son ardoise ! » s’exclame rieur l’homme arrosé d’eau parfumée.
L’ensemble de la tablée s’emporte en un éclat commun de bonne humeur auquel se joint Hippel nullement outragé par la contraction de cette dette onéreuse.
De sous son haut chapeau à larges bords Jacquemards est intrigué. Non pas par la générosité des ardoises du tenancier. Ni par l’absence de choppe sur sa table. Non.
Hippel…
Le tavernier de ses Affranchis se faisait également appeler ainsi. Rectification : il se fait appeler ainsi. Car lui n’est pas mort, contrairement aux autres.
Détail troublant. Mais Jacquemards attend autre chose. Cet invité qui s’assoit à sa table peut-être.
« Nous nous ressemblons, le saviez-vous sehr geehrter Herr ? » lui dit l’inconnu, ironique, en guise de présentation, après un long silence.
« Nul n'est mon semblable » rétorque froidement Jacquemards.
Le visage laconique de l’homme, encadré de lunettes rondes et à la longueur du front peu coutumière, acquiesce sans toutefois révéler la raison de cette approbation.
Cessant de sourire par courtoisie, il pose sur son interlocuteur une attention franche et pénétrante. Intéressé. Paradoxalement, son regard se perd dans les brumes du rêve et de l’introspection.
Présent et absent à la fois remarque Jacquemards. Encré dans le réel et oublié de tous.
« Mon nom est Johann Schmidt mais vous pouvez m’appeler Stirner… »
Stirn : le front.
Stirner. Un sobriquet relevant de sa différence morphologique. Appellation aux origines dépréciatives devenue par la force de sa personnalité une marque de reconnaissance. L’exception qui se donne un nom.
Stirner propose d’un geste simple un cigare dont Jacquemards refuse la fumée. Comme il a décliné le whisky de Joe à l’une des tables rondes de ses Affranchis. Tout comme l’homme au long front dédaigne la pipe en faïence posée sur le bois éraflé de la table rectangulaire où ils sont tous deux assis.
« Pardonnez-moi cette familiarité mais je lis en vous comme dans un livre ouvert… » s’excuse-t-il poliment, « Vous chassez des fantômes ? Je me trompe ? »
Chose insensée, Jacquemards lui répond. Il se livre. Parce que ce Stirner est le seul à le voir. A lui adresser la parole.
Semblable à Joe. Sauf que Jacquemards ne s’est jamais livré au vieil original. Et qu’il ne tuera pas Stirner. Même si son invité auquel il ressemble est déjà condamné.


Ressemblances et vraisemblances

Stirner a rejoint une femme d’une majestueuse beauté. L’univers masculin des Affranchis n’est pas hostile au sexe opposé. Pourvu que le caractère des dames soit d’un acier aussi solide que le leur. Capable de rougeoyer en grande intelligence dans le brasier de leurs fervents débats pour mieux reprendre forme et s’endurcir de nouvelles convictions. Comme tout un chacun somme toute
Marie Dänhardt appartient à celles-là. De plus, elle aime Stirner et Stirner l’aime.
Un amour condamné qui s’achèvera de misérable manière. Jacquemards pose objectivement le diagnostic. Son œil exercé voit cette fin comme il décèle le cancer lové dans l’intestin du bourgeois. Pour autant le sombre médecin ne les soignera pas car les deux amants s’affranchissent de cette destiné, la vivant pleinement sans chercher à s’en libérer.
De plus Jacquemards n’a pas été convié à cet effet.
Pourquoi nécessite-t-On alors sa présence en ces lieux ?
La réponse trouve racine entre les murs noircis des Affranchis. En Hippel comme en Marie Dänhardt. Il les connaît pour avoir croisé leur chemin. Au cœur de ce siècle d’où il arrive après avoir suivi ses pas. Le 21ème siècle. Où cette taverne semble s’être affranchie du temps et de l’espace pour y exister également.
La Marie Dänhardt de ce quand prochain lui commandita la fin de son vieil amant. Cet obsédé de Joe.
Marie Dänhardt. Rêveuse. Enjôleuse. Femme amoureuse. Femme dangereuse… à sa manière. D’un siècle à un autre. D’un amant à un autre.

Jacquemards recentre son attention sur sa propre personne. Comme lors de ses opérations où il se concentre sur ses patients.
Est-il ici pour s’interroger sur un futur déjà vécu ? Ou pour affronter un passé encore inconnu ?
Jacquemards doute pour la première fois. De l’immuabilité de son existence. Car la régression peut se révéler pathologie.
Se pourrait-il qu’il soit son propre patient ?


Fanthômmes

Les paroles de l’invité au long front se rappellent à Jacquemards.
L’homme en pensant et en théorisant engendre des créatures qu’il sépare de son propre Moi en un acte totalement délibéré. Ces créatures je les nome fantômes. Leurs créateurs, eux, les affublent d’une identité et les appellent : Patrie, Morale, Dieu, Humanité, Bien et Mal ou même Liberté et Justice.
Sacralisés, ces fantômes échappent ensuite à leurs auteurs bien pensants.
« Sacer en latin… » murmurent les lèvres scellées de Jacquemards, « coupé, séparé… »
Un sacré qui fait autorité en toute circonstance. Dominateur. Exigeant le sacrifice de l’individu. De son propre créateur si celui-ci n’y prend pas garde.
Pas de paroles saintes ou d’instances supérieures, l’homme se crée ses dominateurs. Ses propres bourreaux. Il s’infériorise face aux concepts nés de son intellect et de sa vision du monde. Ses fantômes. Créatures mineures aspirant au pouvoir, au rapport de force. A la supériorité, une fois le propre nom d’autorité prononcé.
« Je refuse le dogme de ces créatures despotiques. Je ne sers d’autre cause que la mienne. Telle est mon unique profession de foi. » avait conclu Johann Schmidt.
Tandis que ses dernières paroles raisonnent sous son haut chapeau à larges bords, Jacquemards entend parvenir jusqu’à lui les propos de la grande tablée noyée dans un brouillard de fumée et d’effluves d’alcool.
« Socrate a renversé le désir du savoir en savoir du désir ! » annonce fièrement un érudit.
« La connaissance ultime recherchée concerne l'homme en tant que désir ! » découvre un autre illuminé.
L’officier crie les louanges du philosophe grec. Socrate leur donne une leçon de sagesse indépassable. Ô combien féconde !
Tous approuvent en vidant une énième tournée de bière.
Cet entrain philosophique renvoie à Jacquemards un « que veux-tu ? ». Une nouvelle question pour laquelle il discerne enfin quelque chose : l’énigme infranchissable de ce qu’il serait à lui-même. Et l’importance de sa quête. De son questionnement.
Méticuleusement, il sort une montre à gousset et l’ouvre. Assez de lire entre les lignes, il est temps maintenant de s’intéresser aux grandes lignes du contrat.
Le médecin pose délicatement sa trotteuse sur la table. Sa tête se penche légèrement sur le côté et il fixe les aiguilles. Petite et grande bloquées sur l’heure de sa naissance.
Durant sa longue observation, il écoute dans sa mémoire les dernières paroles de Stirner :
« Je refuse la sacralisation des idées. Miennes, je pourrai me battre pour les défendre. Et en combattant pour elles, je lutte pour ce qui m'appartient et non pas pour une cause extérieure à moi, à laquelle je dois me sacrifier ».

Fin de la 1ère partie…




Au nom du Père, du Fils et des Affranchis

Partie II : Ni Dieux Ni Maîtres




« Je n’ai rien de plus que les autres… Avant de se soucier du monde, mon cœur regarde d’abord devant lui. »

Katsura HOSHINO – D. Gray-Man, Le vieil homme et l’aria d’une triste nuit.






Retour en arrière


Motel « Hard World Rock Café » – Babylone City – 21ème siècle :

Jacquemards est allongé sur le lit d’une chambre miteuse. Raide et immobile comme l’un de ses patients reposant au fond d’un cercueil.
En face de lui la petite lucarne de plasma et de photons braque silencieusement ses caméras sur les tumeurs sociales des êtres humains. Quelques étages plus bas, dans l’enfer d’une salle de danse à même l’hôtel, leurs semblables défoncent chair meurtrie et âme en décomposition dans le cœur déjanté d’un tourbillon musical en furie :
« A genoux il faut prier ! Pour gagner l’éternité ! Moi j’en ai rien à péter les premiers s’ront les derniers ! »
Le médecin regarde. Le médecin écoute. Il dissèque le fonctionnement de celles et ceux qui auront un jour besoin de ses services.
Le rock, lui, continue de hurler :
« Mais que Dieu me pardonne si je crache sur ses idoles ! Mais que Dieu me pardonne si je suis l’fils de personne ! »
Puis la sonnerie du téléphone retentit. Le contrat tombe.
Jacquemards se lève lentement et ses pas l’emmènent vers son patient.
Il avance à travers les vies et les morts. A travers l’espace et le temps. Toujours en avant.


Taverne « les Affranchis » – Berlin – 1831

Jamais en arrière.
Attablé dans l’intérieur agité et brumeux des Affranchis, Jacquemards repense à l’unique close du contrat. Une fois sur place, il connaîtra l’identité de sa victime. De son patient.
Patient, victime. Tuer, soigner. L’appellation dépend du point de vue de l’intéressé. Du côté de la lorgnette duquel il se tient.
« Nous nous jugeons au vu de ce que nous sommes capables de faire alors que les autres nous jugent au vu de ce que nous avons déjà fait… »
Cette phrase ne provient pas des gens de cette taverne qui s’affranchissent intérieurement, nourrissant toutefois le désir secret de vivre un jour une véritable vie de liberté.
Ni de Johann Schmidt. Ce Stirner qui n’a fondé sa cause en rien. A qui le sombre médecin s’est confié. Chose insensée à laquelle il ne s’était jamais livré.
Ni même de son vieil ami, Joe. Cette connaissance du troisième millénaire. Qu’il a tué. Qu’il a soigné. C’est toujours selon…
Ces mots appartiennent à un livre. Témoignage d’un enseignement douloureusement administré. D’une expérience sombre dont a été victime l’enfance de Jacquemards. Kavanagh, tel en est l’intitulé.
Son trouble lui en fait oublier l’auteur.
Effectivement, il est troublé. Selon son diagnostic, il serait son propre patient. Car toute régression nécessite une intervention médicale.



Au fil du temps

1
Jacquemards observe, impassible, son horlogerie cerclée d’argent posée sur la table crasseuse de la taverne. Ses aiguilles sont figées. Un instantané qui a toujours été. Pourtant il ne s’en est jamais séparé. Sa montre lui rappelle l’heure de sa naissance.
La porte s’ouvre. Un souffle de vent se fraye un chemin parmi les Affranchis pour venir jouer avec la flamme d’une bougie. La lumière vacille puis s’élargit. Créant l’instant pour lever une part des ténèbres tapies de sous les larges bords du haut chapeau de Jacquemards. Elle découvre alors des yeux rouges qui l’observent. Apeurée, la lumière s’enfuit. La flammèche se recroqueville. Les doigts gantés de cuir du sombre médecin l’éteignent.
Ce moment achevé, s’égrènent les aiguilles de la montre à gousset…

2
Jacquemards penche la tête, curieux de cette nouveauté mécanique. Mais il ferme ses paupières. Il ne veut pas risquer de dévoiler une fois de plus sa pupille couleur des Enfers.
La taverne se tait.
Le silence possède la formidable propriété de rendre les sons bruyants. Intéressé, le sombre médecin s’y intéresse avec autant d’attention qu’il opère la tumeur de l’existence chez ses patients.
Viennent à ses oreilles, les pensées de singuliers personnages. Celles-ci résonnent dans leur prestigieux crâne pour devenir ensuite phonèmes.
Jacquemards les entend. Témoin, il découvre leur désir de faire correspondre un sentiment religieux avec l’époque du moment. Les pages de l‘Ancien et du Nouveau Testament crissent sous les doigts érudits et avides de mains historiennes entre lesquelles ces livres sacrés ont été autorisés à échoir.
Le séisme qui suit se révèle à la hauteur de l’espoir suscité. La Vie de Jésus naît. Autre livre. Les paroles apocalyptiques de son auteur, Tübingen David Friedrich Strauss, condamnent :
« Les évangiles n’ont pas l’ombre d’un fondement historique et relèvent de la mythologie ! »
La voix du théologien laisse place aux rouages en mouvement d’un mécanisme d’horlogerie.
CLANG !
L’heure. A sa montre. Il est… 1835 après Jésus-Christ.

3
La grande aiguille tourne comme un carrousel débridé. Sans limite excepté celle de sa propre circonvolution. Dans sa folle révolution, sa pointe effilée marque des heures pleines.
1841. 1844. 1848.
Dans l’esprit ouvert d’un Jacquemards aux yeux fermés, s’inscrivent des noms associés phonétiquement à des théories. Il en ressent chacune de leurs ondes de choc qui bousculent territoires, sociétés et leurs idées élitistes. Le hurlement de l’obscurantisme doctrinal lui parvient en un malstrom d’impuissance et de ressentiment.
La religion se voit considérée comme projection du désir de l’être humain à aspirer à la perfection. Une illusion dénoncée par son auteur. Son créateur. Ludwig Feuerbach. Le titre de son ouvrage s’entortille dans les méandres synaptiques du cerveau de Jacquemards. L’Essence du Christianisme.
Les croyances religieuses. Toujours elles… La fin d’un mythe ?
Deux hommes aux longues barbes manifestent leur approbation commune à cette disparition. Marx. Engels.
CLANG !
1859. Charles Darwin défend l’origine des espèces suite à une longue évolution.
Jacquemards s’interroge. D’après Joe, la trinité divine expliquerait sa propre existence. Mots insensés dans la bouche de ce vieil anar.
Ni sceptique, ni croyant, le sombre médecin y a toutefois porté foi. Tout comme au rôle qu’il est censé devoir jouer. Un rôle déterminé par le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mis entre ses mains pour sauver l’Humanité.
Pas de doutes, ni de certitudes concernant la légitimité de ces divinités. De ce déterminisme inscrit dans les entrailles de ses origines. Juste des faits : sa longévité immuable, son insensibilité à la mort, la médecine infaillible qu’il pratique.
Comment les expliquer autrement ?
Dans la taciturne taverne Jacquemards incline un peu plus la tête.

4
Le mécanisme tic-taquant égrène inexorablement le temps.
TIC ! TAC ! CLANG !
Début d’année 1870
La confusion règne. Les Français marchent vers le Pouvoir qui a lâchement tué un journaliste. Un des leurs. Assassinat auquel est associé le claquement sévère d’un ordre. Celui de réprimer tout mouvement qui menacerait le Pouvoir, au nom de la Patrie. Puis ce même peuple s’exprime pour ou contre cet Empire. S’en suit une proclamation de guerre. Entre l’Allemagne et la France.
« La Patrie est envahie, défendons là ! » Les mots d’un bidasse juvénile. La même jeunesse. Révoltée à la mort de Victor Noir. L’un des leurs. Face aux Bonaparte
Jacquemards ne saisit pas.
Entre la fine pellicule de sa chair et ses globes oculaires dansent alors des fantômes. L’homme au long front se rappelle à lui. Stirn dans la langue de Nietzsche…
CLANG ! 1872.
Un professeur allemand s’exprime sur l’avenir des établissements d’enseignement. Parmi son auditoire, l’enthousiasme et la fascination se mélangent à l’agacement. A la haine. La doctrine ex cathedra n’en revient pas.
« Car je le répète ! Toute culture commence par le contraire de tout ce que l’on porte aujourd’hui aux nues sous le nom de liberté académique, avec l’obéissance, avec la soumission, avec le dressage, avec le sens du service ! »
Ses dernières paroles, insensibles au doute, sont évincées de la vision ténébreuse de Jacquemards par le crissement de la plume sur le papier.
Des mots s’y écrivent : « L’homme qui paya par une vie en prison son dévouement à ce système, lança à la veille de sa mort ces mots qui sont tout un programme : Ni Dieu ni Maître ! »
Au sein des convictions de leur auteur d’autres maux s’infiltrent. Scorbut. Malaria. Cet homme convaincu vivra et se battra pourtant encore longtemps après.
Une clef tourne dans une serrure rouillée. Une porte au bois humide parcourue de mille cloportes, grince. Une voix grasse râle :
« Sale nouvelle Kropotkine, te voilà amnistié ! Le misérable qui a obtenu ta relâche se nomme Victor Hugo… »
Jacquemards connaît l’heure de cet événement. 17 janvier 1886. La minuterie de sa montre n’a plus de secret pour lui.

5
Une déflagration déchire le temps. Des bâtiments institutionnels explosent. Sont promulguées des lois condamnatoires. « Des lois scélérates ! » hurlent-on. En haut d’une tribune, un homme se récrie : « Les anarchistes s’efforcent de réaliser la devise impardonnable Ni Dieu ni Maître ! ».
1893, le 9 décembre.
La grande aiguille stoppe brusquement son avancée ! Réalisant son erreur. A trop vouloir marquer l’Heure, elle a manqué de sacrifier Jacquemards. Cet être dont elle représente l’excroissance métallique.
Pour démontrer qu’elle n’appartient pas au Temps, elle fait machine arrière. Echappant de justesse aux griffes acérées du spectre démoniaque, ce Mangeur d’Homme…



Proies et chasseurs

1
La trotteuse s’arrête. La grande aiguille bouge puis s’immobilise. La petite s’est déjà arrêtée. La montre à gousset de Jacquemards indique l’heure de sa naissance. Immuable dans son présage horaire.
Le sombre médecin ouvre les yeux. Autour de lui, la poussière a définitivement remplacé les affranchis de chez Hippel. Les tabourets sont restés aux pieds des tables. Sur leur bois usé, quelques verres ébréchés et des bouteilles à l’alcool figé donnent encore l’illusion d’une fréquentation humaine. Mais l’abandon des pipes brisées sur le plancher suffisent à déjouer ce tour de passe-passe. La porte s’ouvre au vent virulent de l’hiver. Une feuille de journal roule et volette dans la crasse de la pièce avant de s’enrouler autour de ses cuissardes, comme pour chérir une tendre connaissance enfin retrouvée.
Jacquemards s’en empare avec méthode. Son regard perdu dans l’ombre dispensée par les larges bords de son haut chapeau s’attarde sur l’appellation du canard froissé par le souffle de la tourmente. Ni Dieu Ni Maître.
La première page commémore la mémoire de son créateur. Louis Auguste Blanqui. Décédé onze ans plus tôt. Onze années avant le 1er janvier 1892.
L’écriture est française. Pas d’étonnement pour Jacquemards. Le vent exalte un froid parisien. Et l’une des deux personnes qui surgissent en possède la vêture.

2
La première passe rapidement. Mi-humaine. Mi-loup.
La rage écume de la gueule de ce redoutable prédateur, devenu proie en l’espace d’une seule nuit. Animosité bouillonnante envers celui qui la pourchasse. Qui la fait fuir. D’espèce dominante, la bête a régressé en espèce dominée.
Malgré sa vélocité, le médecin repère la blessure. Le poumon a été touché. Derrière l’odeur âcre du sang vicié, celle de la poudre. Et une traînée de scories scintillantes.
La trace d’une unique balle. En argent. Ce même argent qui cercle sa précieuse montre et qui compose ses outils chirurgicaux. Jacquemards en connaît les propriétés. Ce métal est parfait pour soigner proprement et efficacement. Parfait et sans pitié pour les lycanthropes, il accroît indéniablement l’emprise du chasseur sur ces créatures.
Un métal de bon augure…
La poussière soulevée par la bête en cavale retombe sur le plancher sans profiter de la lumière pénétrante. La porte s’est refermée.
Pour mieux se rouvrir et grincer sur ses gonds. Un glas grimaçant qui annonce une présence funèbre. L’arrivée de l’auteur de cette blessure.
Il pousse lentement le panneau de bois. Sans précipitation aucune. Il a la maîtrise de la traque. Du temps qu’il reste à vivre chez sa proie. Sa silhouette se découpe dans l’éclat du dehors. Digne dans sa tenue.
Vêtu de sombre, le chasseur porte un tricorne comme couvre-chef. Une cape ondule dans son sillage et passé à la ceinture un pistolet. A la main, il tient une canne épée au pommeau d’argent.
Son visage est relevé. Fier et satisfait. Tel un empereur romain dont le pouce va décider de la mort ou de la vie des créatures qu’il regarde du haut de sa tribune.

3
Provenant de sous les Affranchis, un hurlement bestial puis humain retentit. Suivi d’un second. Humain puis bestial. Appartenant à deux individus bien distincts.
Créature lupine et auguste chasseur se sont retrouvés dans le cellier où Hippel stockait ses fûts de bière. Sans lui prêter aucune attention.
Jacquemards contemple longuement les aiguilles figées de sa montre puis se lève.
Pas à pas, soulevant la poussière qui couvre le plancher abandonné de la taverne, il se dirige vers la cave.
Lentement comme à son habitude. Contrôlant chacun de ses gestes pour qu’aucune futilité ne s’y glisse. Aucune erreur. Aucun hasard. Tout comme sa médecine. Ses contrats. Sa destinée.
Tout à sa perfection, le sombre médecin ne prête pas attention à la porte qui s’ouvre une troisième fois.




Le Patient Zéro

1
Dans la cave se joue un scénario qui échappe à Jacquemards, debout en haut de l’escalier, caché par les ténèbres humides à l’odeur entêtante d’alcool oublié.
Le chasseur domine une femme au corps nu et ensanglanté. Le sein gauche brûlé et le nombril perforé.
Jacquemards remarque. Le chasseur a frappé avec précision. Sans trembler. Face à une telle méthodologie, la créature n’avait aucune chance de survie.
Dans la main du vainqueur scintille une lame d’argent. Un scintillement ensanglanté ruisselle sur le sol où il se mélange à un autre sang.
L’homme a été mordu à l’épaule. Une main sur sa blessure, il s’assoit doucement, presque délicatement, réalisant ce qu’il est devenu : l’une des proies qu’il pourchasse impitoyablement. Une morsure de loup-garou ne laisse aucun choix à l’humanité.
Puis il semble prendre connaissance de la présence de Jacquemards. Tout comme de ses yeux ! Il ne les quitte pas du regard et sans sourciller annonce :
« Mon nom est Jack Beth ! Faite votre œuvre ! »
De sa sacoche, Jacquemards sort son revolver aux balles d’argent.
Comme celles du chasseur.
Son patient ne souffrira pas car il visera juste.
Comme le chasseur.
Le chasseur, s’abandonnant à son triste sort, tire de la poche de sa redingote, une montre à gousset. En argent…
Jacquemards suspend son geste et penche la tête de côté.
S’il le soigne – s’il le tue – il cessera immédiatement d’exister. Il. Non pas ce Jack Beth mais lui, sombre médecin tueur à gages.
Car il s’agit là de son géniteur. Evidence qui ne peut souffrir de l’ombre d’un doute.
A cette époque Jacquemards n’a pas encore vu le jour. Pas même l’embryon d’une existence. Il le sait. Si sa montre lui indique l’heure de sa naissance, le vieux Joe, de son côté, lui en a donné l’année. Et celle-ci attend encore son heure.
Le terme de son existence lui donne-t-il le droit de ne pas soigner ? De ne pas mener à terme son contrat ?
« Ich habe meine sache auf nichts gestellt » lui souffle Stirner.
La langue de Nietzsche laisse place au latin des affranchis : Augure. Augustus. Auctor. Augere. Auctoritas !
Sa disparition remettra-t-elle en cause ses soins prodigués dans le futur – dans son passé ?
Cet ultime questionnement est une réponse. Un dernier mot en latin danse devant son regard de braise.
Sacer.
Il tire.
Sacrifice à sa Cause ? Au serment d’Hippocrate ? Au Contrat ?
Le voile se lèvera quand la balle atteindra le cœur du chasseur mourrant assis au pied de la proie moribonde.
Le sang gicle. L’homme lâche sa montre. Elle choit lourdement sur le sol. Sous le choc, le verre se fendille et la machinerie se bloque.
Heure du décès : 1er janvier 1892.

2
Dans la salle des Affranchis, le prêtre se signe.
Son seigneur attend de revenir sur Terre, paradis abandonné à l’Humanité. Son retour se fera quand le sang des innocents débordera du Calice. En ces jours bénis, Son règne viendra de nouveau.
Ce maudit chasseur abattait les créatures enfantées par le Divin pour récolter le fruit de leur corps sanguinolent.
Il n’est plus. Gloire au Saigneur !
Quant à Jacquemards, fils de Jack Beth et du fruit défendu du nom de Connaissance des hommes… Jamais plus il ne sauvera les âmes de l’errance. Jamais plus il ne les placera entre les mains de l’Autre. L’Ange Déchu qui dresse une armée contre Son retour.
Il n’existe plus. Gloire au…
Les marches de la cave grincent funestement.
L’essence spirituelle du prêtre se tétanise. Jacquemards apparaît, le revolver encore fumant.

3

Impassible, le sombre médecin s’adresse à son commanditaire :
« Enfin, je vous trouve… »
Son bras armé se redresse et pointe le religieux.
Le prêtre à genoux, lève un regard implorant vers son employé. Vers son guérisseur.
« Pourquoi ? Comment ? »
Jacquemards n’est pas devin. Juste médecin. Ou tueur à gages. C’est selon qui se tient devant quel bout de la lorgnette.
Pourtant il connaît la réponse. Celle-ci ne lui fait plus défaut.
« Je suis devenu. J’ai toujours été. Je serai toujours. Mes mots ne t’aideront pas à comprendre. J’existe par le sacré mais je suis né de la philosophie. Ne t’en déplaise, tes élucubrations sectaires sont sans fondements. La religion est illusion. Elle crée juste des spectres. Des monstruosités comme toi. »
Jacquemards n’a jamais parlé autant. Sauf avec Stirner. Alors il conclut. Pour que l’exception reste un nom.
« Je suis un fantôme qui aimerait ne fonder sa cause en rien. A présent, il est l’heure. »
Le futur qui l’attend a déjà été vécu. Mais il ne le sera pas à l’identique. Car il commence différemment.
Pas de suppositions. Juste des faits. Les aiguilles de sa montre sont bloquées sur l’heure de sa naissance et sur l’heure de la mort de son géniteur.

Le verre qui protége la minuterie en est second.

FIN?

Auteur : Michaël Moslonka

Illustration : de Denys Neumann.

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