Métro et dernier voyage

Dans le métro blanc qui brûle au premier regard sous les néons qui agressent,
Vera ressentit et ainsi écrivit :

Pourquoi ce silence?
Il ne parle pas,
de lui,
s’agite puis s’ennuie.

D’où vient cet ego,
qui ne respire pas?
La nuit,
qui irrite et détruit.

Si une âme aux abois,
sent l’effroi de la perte,
qu’elle exprime alors,
au plus vite, avec lui
tout ceci :

Entre 2 arrêts fuyants et parsemés du son des moteurs commandés à distance,
Vera respira lentement avant de voir ce garçon ou cet homme lui inspirant ceci :

J’attends encore la rencontre,
plus acide que lors
de l’échange affable des corps.
J’attends mais par contre,
je me vide lors
de contacts où tout vire
à une petite mort.

C’est quoi son problème? se dit-elle alors à l’autre elle.
Mais Vera n’aimait que peu le temps qui s’écoule après un point et par simple conséquence de l’extrême nécessité, elle inscrivit sans trembler :

Je parais loin de vous,
de tout.
Mais je suis juste
trop là
vivante, parlante
au centre, surtout pas
à vos genoux encore moins.
Tu vas comprendre en quelques phrases…

Avant de sortir de l’étouffement des lumières électroniques et malgré une fusion paradoxale,
Vera s’exprima encore, une fois de plus mais de moins en moins pour rien :

Baise trop pour comprendre !
Apprend à prendre de l’alcool,
pendant que par vagues de SMS
elle élit ses futures idoles …

Jeunes déroutés par les routeurs
les adresses IP mal recadrées
la violence au berceau
visuelle
télécommande pad et synapses…

Amènent ainsi au règne
du amen et du faux,
la valeur est plus que monétaire,
le nom doit émerger
la reconnaissance c’est cela :

IAMX
IAMX
IAMX
XMAI

Elle sortit, enleva les écouteurs car sa plus douce drogue, celle des mots, la contractait comme une maladie prévisible et soignable, qui l’accompagnerait jusqu'à la dite Fin.
Le vent tranquille d’un après-midi agile, Vera saigna l’encre pour dire ceci :

Reconnexion
16H00 et silence,
la machine :
Mute pendant 10 minutes et rien.

Puis une préparation adaptée et l’envie de voltiger du moment.
Vera aimait trop le cannabis pour l’omettre de son équilibre quotidien.
Et ainsi après quelques malentendus face à elle-même et aux autres formes d’êtres adéquats, elle instaura rapidement les bases d’un autre texte, après un énième test et prononça pour sa propre histoire ces phrases sans armures :

16H41
Avec tous ces mots tu ne feras rien, tu ne feras que tracer les lignes d’un néant aux âpres formes et tu ne donneras jamais, à personne, l’occasion de connaître ta propre vision.
Tu ne verras donc pas le sourire de la surprise et l’envie de répondre aux folies transmises.
Il n’y aura aucune phrase construite normalement, à l’orthographe prédéfini, à la grammaire maîtrisée et intrinsèque qui t’aidera à déclamer le désastre prévu et reconnu, ce non impact sur personne, ce creux sourd et sans pouls qui errera avant d’exploser comme les bulles de champagne ultra-consommées.
Celles de l’engraissement conscient et trop tendrement combattu par les belles générations assistées, métisses et communautaires, ou autres secteurs lambda pour autres tribus qui errent elles aussi.
Toutes ces réalités vécues sous différents angles, au coup par coup t’élèvent et t’étranglent, mais après tout, elles en restent palpables et traduisibles, inscrites et assumées et donc moins risibles que tous ceux qui se taisent à jamais.

Aucune institution n’a fait de réels rapport ou recherches au-delà des obligations administratives mécaniques et corrosives.
Pas de recherches plus approfondies ne furent entreprises par les différents corps de polices survitanimés aux excès, ni même les services sociaux et leurs aspects de touches humaines ne s’y sont clairement intéressés.
Beaucoup de morale comme genèse, système comme squelette mais en fait peu de concrétisations lors de l’affrontement pragmatique du quotidien.
Ceux qui répandent les piliers des prophétisations se mentent aussi à eux-mêmes.
L’humain a un double, un triple, un équivalent voire un epsilon.
Tout ceci n’était pas nouveau mais celle qui avait disparu l’avait juste détaillé comme les veines noires de l’addiction.
Il n’était pas si tard dans ce quartier où la population moyenne festoyait tous les jours à la même heure alors qu’elle sombrait sans lassitude vers une décadence physique et monétaire à long terme.
Mais ils étaient si fiers, de cette place simple et attachante.
Ce hameau de l’ouest où le ciel se tachait d’un bleu inclassable, laissait le grenat du sang qui s’assèche faire de cette issue un témoignage pour les âges.
Quelqu’un avait donc tout écrit ici, pour les autres là-bas qui ne voulaient pas de messies…
17H26

Viola Dagrippa
Tirée du recueil Trixvera

Auteur : Anthony Biasioli

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