J’entends, à mes oreilles, la voix de la mort,
Perfide et mielleuse, qui me dit doucement :
« Meurs, qu’attends-tu d’autre de la vie, à présent ?
Tu as fait ton temps, pourquoi t’acharner encore ? »
« Tu sais que ton pauvre espoir d’être heureuse est vain,
Car jamais tu ne pourras être satisfaite
Par une âme aussi insipide qu’imparfaite,
Ni par ce corps ingrat aux gestes incertains. »
« Regardes autour de toi : dans quel monde vis-tu ?
En tout lieu, les hommes expectorent leur haine,
Laissant s’épancher, sans que rien ne la retienne,
Leur virulence par flots ininterrompus. »
« Abandonnes-les à leurs pêchés capiteux :
Il se peut qu’ici tout soit bientôt ravagé,
Mais il existe un endroit où règne la paix,
Le corps y est léger, et l’esprit vertueux. »
« Viens rejoindre ce havre, je sais qu’il te tente :
Depuis un certain temps, je te suis pas à pas,
Je te vois, lentement, glisser dans l’embarras,
Et je viens écarter les doutes qui te hantent. »
Auteur : Rachel Gibert
Illustration : Génèse 1 de Daniel Peron.