Deux âmes dans la nuit quittent leur sépulture
Spectres blancs, décharnés, aux contours ondoyants
Flottent dans le brouillard dans un bruit d’ossature
Et scrutent les tombeaux d’un regard effrayant.
Eclairés chichement du falot de la lune,
Avançant en silence au milieu des caveaux,
Les deux esprits palots, en attendant la brune,
Cherchent à retisser leur antique écheveau.
Ils s’arrêtent pensifs au pied de chaque stèle,
Et lisent d’un œil creux le nom des trépassés,
Amis ou ennemis ayant laissé séquelles,
Tous les anciens vivants de leur lointain passé.
Souvenirs ça et là incrustés dans la pierre
Couverte d’un humus déposé par le temps,
Apportent des senteurs de fleurs de cimetière
Réveillant des regrets du vieux monde d’antan.
Même l’odeur du buis planté dans chaque allée
Rappelle ce jardin entourant la maison,
Où passaient les printemps sous la voûte étoilée
Et l’effluve devient une triste oraison.
Ils approchent, priant, de la Croix suspendue
Sur laquelle est le Christ dans sa crucifixion
L’implorant de sonner l’heure tant attendue,
Où l’univers des morts voit la résurrection.
Puis retournent courbés au fond des catacombes
Continuer dans le noir leurs siècles de trépas
En regrettant qu’ici, au pays d’outre-tombe
Dans le froid du linceul, les morts ne pleurent pas.
Auteur : Patrick Duchez