Un homme en haillons est debout face aux vagues,
De ses yeux éteints, il contemple les dernières traces
Et dans ses prunelles, transparaît l'ultime blague,
Jouée dans la fumée des ambitions tenaces.
Dans son dos, brûlent, grisâtres, les restes calcinés
De la folie d'un ou de plusieurs prétendus détenteurs.
Un ciel flamboyant de l'orange apocalyptique, déchiré,
Pleure des larmes carmins de l'atrocité et la peur.
A ses pieds, meurent les séquelles de l'expérience de la terre
Culpabilisée de l'horrible et funeste faute commise,
Dans un désir de compagnie pour elle solitaire,
Qui a créé, inconsciente ! les créatures qui l'ont soumise.
Dans ses mains, un crâne d'enfant, vestige fumant
De l'amour d'une vie, de l'amour de l'histoire,
Sacrifiée à la bêtise, aux préceptes délirants,
Empreinte finale et morbide de l'ultime désespoir.
Au fond de son coeur déjà mort et déchiqueté,
Coule le poison du mal et de la détresse
Et reste le souvenir de ce qui fut, de ce qui aurait été,
Sans l'humanité, sournoise et éternelle pécheresse.
L'homme face à la mer si belle, devenue mortelle,
Ferme ses yeux éteints ; dans un mouvement se détourne
Pour le destin des siens, dans une étreinte sensuelle,
Et finit par rejoindre les flammes qui l'enfourne.
Auteur : Catherine Robert