Reflets d'Ombres n° 8 (édito)

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Ô Malheur quel Bonheur !

Un, deux, trois, voici les trinités ! La Terre, l’Eau et le Feu, Liberté, Egalité, Fraternité, le Coran, la Bible et la Tora, la Loi, la Religion, l’Autorité. J’ai encore aussi sous le coude (religieusement parlant) le Père, le Fils et le Saint-esprit des Chrétiens, Osiris, Isis et Horus chez les Egyptiens ou encore Braman, Vichnou, et Shiva chez les Hindous.

Trios infernaux qui régissent notre existence ou essayent vainement pour certains.
Mais il existe une autre trinité, bien moins complaisante et bien plus légitime et qui nous touche chaque jour que nous fait la Vie, cette damnée maladie mortelle sexuellement transmissible : la Fin du Premier Amour, le Départ d’un Ami, la Perte d’un Être Cher. Oui, une trinité bien plus légitime car l’épreuve fait partie de cette existence que nous n’avons pas choisie de vivre et à laquelle nous finissons par nous attacher.

Nous attacher à quoi me demanderez-vous ? L’épreuve ou l’existence ?
Peut-être les deux… Principalement les épreuves. Fardeau qui semble se décupler à l’infini. Elles nous collent à la peau et voûtent nos épaules d’un aliénable fardeau. Et surtout les existences. Nous ne pouvons nous empêcher, malgré parfois notre indifférence, illusoire de surcroît, de nous attacher aux uns et aux autres et à leur sort même s’ils ne font pas partis de notre cercle familial ou amical.

Ces épreuves ont un nom lourd de sous-entendus : le Malheur. Et ce Malheur possède forcément son antithèse : le Bonheur. Deux entités manichéennes. Pas de place pour la Trinité.

Le Bonheur…

Paradoxalement ce mot me fait peur, comme il met à l’aise, je le pense, bon nombre de personnes. C’est un fait qui se vérifie au quotidien. Parler de ses instants de bonheur est d’une indécence coupable – presque insupportable – au regard de ceux… qui en parlent. Puis il y a la superstition : à trop évoquer le bonheur ne finirons-nous pas par invoquer sur nos frêles existences et celles des nôtres, le Malheur ?

Mais le Bonheur me fait peur pour une autre raison. Ces quelques mots, un peu barbares je m’en excuse, expliquent cette appréhension personnelle de la sainte félicité :
« Je crois avoir remarqué de quel côté est le plus net l’appel à (…) l’élargissement maximal de la culture. Cette extension est l’un des dogmes d’économie politique les plus chers au temps présent. Autant de connaissance et de culture que possible, – donc autant de production et de besoins que possible, – donc autant de bonheur que possible : – voilà à peu près la formule. Nous avons ici comme but et fin de la culture l’utilité ou plus exactement le profit, le plus gros gain d’argent possible. »

En relisant cette tirade, je réalise la multiplicité et l’indécision de ma peur. Qu’est-ce qui l’alimente ainsi ? Est-ce cette perversion du Bonheur par le profit ? Ou est-ce le fait que cette phrase, si contemporaine à mon sens, ait été relatée par Nietzsche à Bâle (Allemagne) en 1872 ! Aurait-on si peu évolué depuis tout ce temps ? La corruption de la sainte félicité n’aurait donc pas de frontières ?

Ô Malheur !

Justement parlons de lui !

La perversion qui s’est emparée du Bonheur depuis au moins trois siècles – voir plus ! –, en de nombreux états, a mis également la main sur lui. En effet l’indécence n’est plus de mise quand il s’agit d’en abreuver les autres sur les plateaux télé ou dans ces autobiographies de stars que l’on ose encore appeler livre. Et non pas par gêne de parler du Bonheur mais parce que cela est rentable ! Par cela je veux bien entendu dire le Malheur…


Mais heureusement, il reste la poésie pour transcender ce Malheur et l’imagination pour faire croire au Bonheur. Sans morale. Où l’argent sert la Cause et non pas l’inverse. En toute liberté. En toute création.

Et d’ailleurs peut-être est-ce là l’essentiel : en toute création. Car même si nous nous en défendons ne sommes nous pas, nous-même insidieusement envahi par cette perversion du profit ? Un cancer qui finit inexorablement, sauf incident, par développer sournoisement ses excroissances malignes en nous et dont seule la chimiothérapie de la Création peut vaincre la lente dégénérescence de notre corps.
Bonheur et Malheur prennent alors toute leur ampleur, le sel même qui constitue leur essence – et qui constitue à son tour le sel de l’Existence –, quand la poésie se mêlent à eux pour rendre en toute simplicité, en toute humilité hommage à notre premier amour, à l’ami et à l’être cher…

MOSLONKA Michaël

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