Entretien littéraire avec auteur anonyme

1/Pour commencer, peux tu nous dresser un tableau de ton parcours littéraire et artistique avant, puis après la publication de ton premier ouvrage ?

Avant la sortie de mon premier ouvrage, je m’efforçais tant bien que mal d’écrire des chansons. A vrai dire, je n’avais rien d’un littéraire au sens le plus fort du terme, mais mes goûts musicaux (Ferré, Brel, Miossec, Thiéfaine et bien d’autres…) et bien entendu, les épreuves de la vie m’y ont conduit inexorablement. Je pensais à cette époque que c’était le moyen le plus simple de partager mes idées, mes points de vue, de m’exprimer tout simplement. La musique comme véhicule, je pensais devenir plus accessible en quelque sorte. Sauf que n’étant pas assez bon musicien, je me suis rapidement trouvé dans l’impasse. Et puis, le temps a passé et comme je l’explique en préface de ce livre, j’ai rencontré la personne qui m’a fait prendre confiance en moi et qui m’a encouragé à réunir mes textes sous cette forme là, sans me soucier du support. Plutôt que d’attendre de belles musiques d’un autre, j’ai fait ce que je savais faire tout simplement.
Après la parution du livre, bien que déçu par mon escroc d’éditeur et ma naïveté, j’ai évidemment continué d’écrire des textes. On écrit avant tout pour soit… Malheureusement, je n’ai pas encore trouver d’éditeur sérieux pour leur publication : je suis devenu plus que méfiant… Et depuis un an, comme les écrits s’inspirent souvent de nos lectures, je me suis lancé dans l’écriture de nouvelles fantastiques, horreur. Si tout se passe bien, un recueil de nouvelles devrait sortir l’an prochain chez un éditeur québécois.


2/ Dans quel état d’esprit as-tu réalisé ce premier essai littéraire ?

Bien que certains de mes lecteurs le jugent sombre, ce premier recueil s’est fait dans l’euphorie. Je venais de rencontrer mon amie, j’avais quitté mon travail ennuyeux et allais emménager avec elle : c’était du pur bonheur !… Pour te dire, après être rentré chez moi suite à notre première soirée ensemble, j’ai dû écrire quelque chose comme sept ou huit poèmes en deux ou trois heures maximum.


3/ En règle générale, quelles sont tes sources d’inspiration et d’où vient cette passion pour l’écriture. Quels sont tes artistes ou écrivains qui t’ont le plus impressionné ?

Mes sources d’inspiration sont très variées. Néanmoins, je ne cherche jamais à me motiver pour écrire sur tel ou tel sujet. J’écris ce qui doit sortir, ni plus ni moins. D’ailleurs, cette passion m’est venue parce que j’en avais besoin. Je ne renie pas que certaines oeuvres ont sur moi un effet détonateur, mais j’écris avant tout pour m’exprimer. N’étant pas très doué à l’oral, il faut bien compenser !
Mais si je dois citer un artiste qui a le don de me chambouler, je dirais sans hésiter Léo Ferré. Parce que son regard sur nos vies se rapproche énormément du mien et que pour le montrer aux plus grand nombre, il était prêt à enfreindre les règles, à provoquer, à se mettre en danger. Un exemple : c’est le seul artiste français que je connaisse, dit de variété, qui a mené un orchestre (sans aucun apprentissage) en même temps qu’il chantait ses propres vers…

4/ Est il difficile pour un jeune écrivain de se frayer un chemin à travers le monde si fermé des littéraires professionnels. Quelle est selon toi la clé de la réussite pour pouvoir vivre de sa passion ?

Vivre de cette passion est devenu quasiment impossible. Se frayer un chemin est très compliqué. Trop peu d’éditeurs prennent des risques de peur de perdre une part de leurs bénéfices. Ils éditent ce qui se vend. Même s’il est certain par exemple, que des nouvelles (qui sont la base de l’écriture) pourraient attirer un nouveau public qui ne lit plus ou très peu par manque de temps ou d’intérêt. « Faites des romans, sinon on ne vous regardera pas ! » C’est leur slogan depuis pas mal d’années maintenant. Cependant, si vous êtes dans la case auteur de poésies, de pièces de théâtre ou encore de nouvelles, vous trouverez toujours une maison qui se dit d’édition qui acceptera votre manuscrit. Seulement, on vous demandera de participer aux frais et à la promotion de façon plus qu’active. J’ai accepté ce type de contrat ne connaissant rien de ce milieu, mais aujourd’hui, je sais que je ne ferais plus ça. Et ne croyant pas non plus que de m’adapter au marché me fera écrire de la qualité, je m’efforcerai toujours de faire ce qu’il me plait. Mon conseil est donc de persévérer et de ne jamais regarder l’épaisseur de votre tas de lettres de refus. Et puis, écrire c’est déjà vivre. L’argent n’est qu’un bonus… au mieux.


5/ Tu sembles avoir récemment pris une nouvelle orientation professionnelle, en plongeant les lecteurs dans des univers coloré de noir et d’ingrédients caractéristiques des romans d’épouvante. Peux tu nous en dire plus à ce sujet. Quels sont tes projets actuels et futurs dans ce domaine ?

Depuis un an environ, j’ai effectivement écris une dizaine de nouvelles que je compte rassembler dans un recueil. Cela m’a pris simplement parce que j’ai découvert ou redécouvert des auteurs comme King, Poe, Bradbury, Matheson, Lovecraft, Barker, Stoker, etc. Ces histoires pourront paraître sombres, voir macabres, mais elles existent avant tout pour les thèmes qu’elles abordent. Cela dit, je n’essaye pas de moraliser qui que ce soit, pas plus que de faire absolument peur. Même si cette dernière idée me plaît assez !…
Aujourd’hui, il s’avère qu’un éditeur du Québec est intéressé par ce travail. Je croise donc les doigts pour la concrétisation de ce projet…


6/ En considérant les différentes activités ou passions artistiques qui peuvent accompagner ta vie quotidienne, quels liens peut on faire par exemple entre les histoires que tu as créés et les artistes musicaux que tu affectionnes plus particulièrement. Même question avec l’univers du septième art (cinéma).

Je pense que tout homme est une sorte d’éponge qui s’imprègne des choses qu’elle rencontre, que tout ça se mélange en elle et que si on la presse suffisamment fort, on finit par en retirer une création nouvelle. Pour moi tout est lié. Pour être plus clair, je dirais que les poètes m’insufflent plus un point de vue et que les auteurs ou les cinéastes de fantastique eux, m’en inspirent la forme. Mais rien n’est bien défini. Je sais pas si c’est bien plus clair maintenant et si j’ai bien répondu à ta question, mais bon…



7/ Les voyages inspirent bien souvent les auteurs, as-tu eu l’occasion de voyager à travers le monde ? Quelle civilisation ou quel type de paysage peut selon toi bouleverser plus particulièrement l’univers artistique et la sensibilité d’un passionné d’écriture dans le domaine du fantastique.

Malheureusement, pas autant que je le souhaiterais !... Il est clair que les voyages permettent de découvrir de nouveaux univers qui peuvent être sources d’inspiration. Je crois que de se confronter à de nouveaux horizons est en effet une bonne chose pour l’esprit. Cela dit, pour ce qui est de la création, tout dépend de la sensibilité de la personne et de son état d’esprit au moment où il rencontre l’endroit. J’aime énormément l’Ardèche pour son côté sauvage, mais ce sera peut-être le train qui m’y mènera qui me mettra les neurones en ébullition et pas du tout les gorges rocailleuses une fois sur place. Et ça marche bien évidemment aussi avec les lieux qu’on n’aime pas. D’autres personnes ne voyagent que dans des mondes qu’ils s’inventent et s’en sortent aussi très bien… Il n’y pas de règle. On ne choisit pas et c’est tant mieux !


8/ Enfin parmi les nouvelles, ou poèmes publiés au sein de reflets d’ombres y a t il un texte qui t’a particulièrement marqué ?

Il y a en fait deux nouvelles que j’ai particulièrement appréciées. La première est « Mon jardin d’hiver » pour son histoire et son ambiance plutôt glauque qu’on visualise à la perfection. Quant à l’autre, c’est « Un étrange morceau de papier » pour la qualité de la narration et sa conclusion qui n’en est pas vraiment une. Je trouve en effet que bien trop de récits littéraires ou cinématographiques se terminent clairement, les lignes bien marquées, laissant repartir le lecteur ou le spectateur sans aucune question en tête.

Auteur : ombreflets

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