Allongé sur l’herbe, dans la douce chaleur,
Je contemple le ciel, cette toile mouvante.
Sur l’azur si profond, la laiteuse blancheur,
des nuages me semble presque éblouissante.
Poussés par la brise, ils esquissent des spirales,
qui s’effilent lentement, comme de la laine,
puis tissent des réseaux, au dessin inégal,
et meurent à l’horizon, où le vent les mène.
Face à ce spectacle, mon esprit vagabonde.
J’imagine, dans les cieux, des monstres immenses,
qui s’empoignent, se bousculent, et puis se fondent,
dans une mêlée d’une incroyable violence.
Après une lutte impitoyable et sauvage,
les colosses s’évanouissent dans l’éther.
Les cieux retrouvent ainsi, quand ils se dégagent,
la sérénité glaciale d’un sanctuaire.
Cette vision me rappelle l’humanité.
Pareils à ces géants cruels et belliqueux,
les hommes n’ont de cesse de s’entretuer,
emportés au milieu d’un tourbillon fiévreux.
Un jour, ils comprendront, mais il sera trop tard,
que le combat fini, seuls resteront les corps.
Abandonnés, la bouche ouverte et l’œil hagard,
dans la solitude, le silence et la mort.
Auteur : Rachel Gibert
Illustration : Imagine de Sandrine Hirson.