Pressé, il court, l'Instant,
Impassible et naïf.
Sûr, lentement, il sait,
Passant en souriant,
Qu’il entraîne avec lui
Les rires comme les pleurs,
Ce vieillard puéril
Qui a fermé les yeux,
Ne se souciant guère
De ceux qui ne suivent plus
Le cours aléatoire
De son amer sillage.
Crois-tu qu'il soit possible
Un jour de m'en remettre
À ton impériale course ?
Viens, le Temps, je t'invite.
Viens te poser ce soir
Un instant à ma table,
Et discutons ensemble.
Le Temps s'est arrêté
Près de moi ce soir là,
D'un murmure il m'a dit
Que sa course éternelle
Ne saurait s'achever
Et que même les Saigneurs
Devaient un jour céder.
Et ce soir j'ai appris
Que jamais il n'avait
Vraiment fermé les yeux;
Et que sa Soeur de près
Suivait son avancée.
Ce soir là j'ai compris
Qu’à défaut d'un ami,
J’avais trouvé la Mort.
Auteur : DragoRequiem
Illustration : Petite fée de Anakkyn.