Reflets d'Ombres n° 9 (édito)

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Reflet de notre Ombre…

Et voici venu janvier 2007 et la première bougie (noire s’il vous plaît) à souffler pour Reflets d’Ombre qui a vu le jour sur la toile en tant que webzine au commencement…de l’année passée ! Quatre numéros plus tard et douze mois encore les maux de nos auteurs et l’ombre de leurs états d’âme qui illustrent leurs textes se reflètent toujours sur la toile. Certains nous souhaiteront « pour longtemps encore j’espère, bonne et heureuse année aussi et la santé surtout, oui surtout la santé ! » A cet élan passionné, cet état des choses, ces tas d’envies empathiques (« l’argent, le travail, l’amour et la santé ! » « oui, surtout la santé… »), à ce besoin irraisonné et irraisonnable de fin et de nouveau départ, je répondrai par la négative.
« Non, non ! » M’exclamerai-je « Que nenni, que nenni ! » J’insiste.
Ces négations trouvent leur origine dans la dualité de mes pensées. Humanistes et altruistes pour les unes. Tandis que pour les autres elles revêtent plutôt un caractère nombriliste, égocentrique, narcissique. A vous de choisir. « Etat critique de ma raison ? » A cette critique de mon état irraisonné je répondrai : « Pourquoi pas ? Après tout nous nous regardons bien le reflet de notre ombre ! »
Donc, non. Oui, « non » ! Pour trop longtemps, je n’ose l’espérer. Car Reflets d’Ombre se nourrissant des tourments de nos auteurs, pourquoi ne pas leur offrir ou du moins leur souhaiter, l’état salvateur de la sérénité, en ce début d’année (c’est étrange comme il faut à chaque fois un début, une excuse pour pouvoir recommencer les choses, repartir sur de bonnes bases, comme si ce tas d’envies ne pourrait pas se décréter – et pourquoi pas se réaliser – à n’importe quel moment de notre existence ou bien de l’année ?).
La sérénité, donc. Comme me l’a souhaitée si généreusement mon ami et poète Etienne PARIZE. Evoquant l’ « intranquillité » des états des femmes et des hommes. Invoquant pour se faire le poète Portugais Fernando PESSOA qui doutait toujours de la réalité du monde.
Alors plutôt que la longévité de leurs tourments – Reflets d’Ombre en étant le symptôme – souhaitons la sérénité des âmes à toutes et tous même si cela entache leur créativité et de surcroît la création. Même si cela amènerait notre webzine au Casse Pipe.
Vous vous posez encore des questions sur l’état de mes pauvres pensées ? Toutes ces lignes vous semblent paradoxales ?
Paradoxe, paradoxe… Comme on y revient (souvenez-vous de mon premier édito, il y a de cela une année écoulée…). Désolé, « On ne se refait pas ma bonne dame » comme dirait l’autre. Oui, « ma bonne Dame » ! Dame Philosophie comme l’interpellerait Alexandre JOLLIEN.
Je m’égare, je m’égare car reste la seconde origine de cet insensé souhait. La voici, relatée ci-dessous :
Tout ce qui ne dure pas devient de ce simple fait, rare. Et acquière un état précieux non négligeable dans un monde de surproduction voué à la surconsommation effrénée des choses qui ne manquent jamais tellement elles sont produites et reproduites encore et encore. Un monde où de bien-croyants vont jusqu’à nous vanter l’éternité. L’éternité de nos âmes ! Cette éternité se trouve tellement enviable, si importante et soi-disant si précieuse que le bien véritable de l’existence (qui lui ne fait aucun doute sur euh… son existence) en est réduit à l’inutilité ! La vie !
Déjà périssable à la sortie de l’origine du monde, la vie est broyée, méprisée, éliminée sans vergogne, pour une existence spirituelle, une âme éternelle, dont l’existence, elle-même, n’en a jamais démontré euh… l’existence ! Cette vie qui, étrangement, toujours pour ces bien-croyants, ne dois jamais – Ô grand JAMAIS – être avortée, car précieuse, dans le ventre de la femme. Artiste de la première heure, créatrice hors-norme au talent tant décrié (ce qui prouve bien, entre-nous, la légitimité de ce talent). Martyrisée, infériorisée et décrédibilisée par ceux là-même qui commandent nos existences – donc existantes – pour mieux recommander l’indiscernable – et invérifiable – éternité de nos âmes.
Ais-je dévié ou sommes-nous encore dans le paradoxe de ces états de femmes et d’hommes ?
Peut-être dévions-nous ou y revenons-nous vraiment parce que simplement nous contemplons le reflet de notre ombre ?

Donc, pas de souhait de longévité. Et pas d’éternité en vue… Peut-être même pas de numéro 50 de Reflets d’Ombre et de spécial 200.années d’existence.
Alors, est-ce l’anniversaire d’un webzine déjà condamné ou plutôt que j’ose condamner ? Désolé si je choque mais cette vision de l’état des choses me plaît bien… C’est une parabole magiquement sombre vers la Vie. Une allégorie à l’existence et à ses troubles. Allusions à ses maux. Sous-entendant sa finalité. La Finalité. La bien-nommée : Dame Mort !
En évoquant la Faucheuse, j’en reviens au précieux et à mon sens, à l’essentiel. A cette rareté mis en exergue par le couperet de la Dame d’Ombre auquel nul n’échappe. Impossible à l’ignorer. Difficile de ne pas y venir un jour ou l’autre. Et surtout de ne pas y penser. De penser à celles et ceux qui ne sont plus. A celles et ceux qui nous quitterons. Et à la notre aussi tout aussi certaine.
Avoir conscience de cette finalité est là le signe d’une liberté. La liberté, aucune femme et aucun homme ne peut prétendre la posséder dès la naissance. Mille chemins nous y amènent. La pensée est une de ces directions. Cette pensée, qui nous fait contempler le nombril de notre reflet tout en étant conscient du monde alentour, de cette Mort qui attend dans l’ombre. Une direction qui nous conduit vers Baruch de SPINOZA. Aux dires de ce philosophe, « L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie », je ne rajouterai que : « et la femme libre ».
Soyons convaincu de cette sagesse. De cette méditation de la vie. Pour que naisse cette sérénité en chacune et chacun et nous amène, comme l’est intimement convaincu Etienne PARIZE vers un monde moins « intranquille ». Plus tranquille.
Soyons en convaincu comme lui. Et sans compromis car « l’homme [ à cette « morale anarchiste » de Kropotkine j’ajouterai là aussi « et la femme »] n’en veut pas qui lui permette de dormir tranquille en attendant que cela change de soi-même. »

Michaël MOSLONKA

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